30 mars 1943 : exécution de Louis Herbeaux au Fort de Bondues

#80ANSFUSILLES #FORTLOBAU

Louis HERBEAUX

Réseau de renseignement Alliance

Né le 24 décembre 1896 à Roubaix et fusillé le 30 mars 1943 au Fort de Bondues (Piquet n° 3).

Agent de maîtrise aux hospices de Dunkerque

Domicilié au 90 rue du Maréchal Foch à Rosendaël.

Époux de Suzanne Marie DROULEZ      1 enfant, Andrée  

Pseudo « Alire »

Engagé volontaire en 1914 et blessé par un éclat d’obus au visage dans la Somme, Louis HERBEAUX reçoit alors la Médaille Militaire et la Croix de Guerre. À son retour, il reprend le travail de menuisier de son père qui possède un atelier situé à l’angle des rues Jouffroy et Jules Guesde à Roubaix. En 1935, son ancien lieutenant Emile FLECK, directeur des Hospices civils de Dunkerque, lui offre un poste de concierge à l’hôpital de Dunkerque. Il déménage alors sur la côte. Ce poste lui sera d’une grande utilité durant son engagement dans la Résistance. Il est mobilisé en 1939 et fait prisonnier en Normandie. Il ne sera libéré qu’en décembre 1940 en tant qu’ancien combattant de la Grande Guerre.

Entrée en Résistance :

Le 18 juin 1940, Andrée HERBEAUX, sa fille, entend l’appel du Général de Gaulle, qu’elle recopie, lors d’une rediffusion, en sténographie. Elle décide afin d’en informer ses voisins, de distribuer le texte. Dans le cadre de son travail d’infirmière volontaire, elle rencontre Maxie BORÉA dite « Viviane », qui a été chargée par Alliance de recruter des agents sur la côte et notamment un chef de secteur pour coordonner la recherche de renseignements militaires sur Dunkerque et la zone littorale dite « rouge ». C’est à partir de ce moment que la famille HERBEAUX entre en résistance dans le réseau Alliance.

ALLIANCE en octobre 1941 :

À son retour de captivité, Louis HERBEAUX devient ainsi le responsable d’une zone s’étendant de Calais à la frontière belge, un vaste territoire occupé et fortifié par les Allemands. Afin de recueillir les renseignements demandés par la hiérarchie, il recrute à son tour 14 agents pour travailler à ses côtés. Il y aura notamment René BONPAIN et Jules LANERY. Les agents reliés au responsable ne se connaissent pas tous entre eux. Ils ne découvrent leur appartenance réciproque que par indiscrétion ou pur hasard.

Des informations importantes seront collectées par ces agents : sur le central téléphonique de Dunkerque, qui relie la Normandie à Bruxelles (sa destruction le 5 février 1944, désorganisera les communications allemandes au moment du débarquement); sur la base sous-marine de Dunkerque dont il récupère les plans complets grâce à Jean BRYCKAERT, interprète à la Kriegsmarine ; ou encore sur l’emplacement des rampes de lancement V2.

Louis HERBEAUX collecte également des armes réquisitionnées et entreposées par la mairie.

Afin d’avertir les Anglais de ces infrastructures, les informations sont transmises à Andrée HERBEAUX, qui, à son tour, les donne à une religieuse de l’hôpital, Sœur Zoé, afin qu’elle puisse les confier à « Viviane ». Faute de posséder un émetteur radio, Louis HERBEAUX et sa fille se rendent fréquemment, à partir d’avril 1942, à Paris pour porter les informations du groupe au Colonel Fernand ALAMICHEL.

Arrestation :

Jean ROUSSEAU, du groupe Alliance de Lille, est arrêté par les autorités allemandes fin juillet 1942. Il reste silencieux pendant de longs mois d’interrogatoires, mais est finalement piégé par un mouton, Jacques CLOESEN, placé dans sa cellule par l’ennemi. Ses confidences entraînent l’arrestation du Colonel ALAMICHEL, dont le rôle est ambigu. Toujours est-il que ces arrestations à Paris amènent celles de Jules LANERY le 14 novembre, et d’Andrée et de Louis HERBEAUX trois jours après, lors d’un retour de voyage à la capitale. Louis HERBEAUX est emmené par la GFP au boulevard de la Liberté à Lille. Il parvient pendant les interrogatoires à sauter par la fenêtre d’une hauteur de 6m, mais est rattrapé par les Allemands.

Condamnation :

Le procès du groupe (HERBEAUX, LANERY, BONPAIN) et de Jean ROUSSEAU se déroule au Tribunal militaire de Lille (159 boulevard de la Liberté) le 19 mars 1943. Défendus par Maître QUEMBRE, avocat au barreau de Lille, ils sont jugés au cours de deux audiences différentes. Ils sont tous les quatre condamnés à mort. Le 30 mars 1943 à 14h30, les trois hommes (dont HERBEAUX) apprennent qu’ils seront exécutés dans la journée. L’Abbé célèbre une dernière messe et donne la communion à ses amis. Ils écrivent ensuite leur lettre d’adieu. À 16h30, c’est le départ pour Bondues.

Les condamnations pour le reste du groupe tombent. Andrée et Suzanne HERBEAUX sont condamnées comme “NN” et envoyées à la prison de St Gilles (Bruxelles) en août 1943. Après un passage à Aix-la- Chapelle, Francfort, Cologne, Nuremberg et Stuttgart, elles partent pour le camp de Gotteszelle près de Dachau. En avril 1945, de petits groupes de détenues, dont elles font parties, sont libérés à l’approche des Américains. Elles sont soignées et nourries par des prisonniers de guerre français et des catholiques allemands. Alors qu’elles reprennent la route, elles croisent des chars français dont l’équipage leur demande d’évaluer les forces allemandes présentes dans la région de Karlsruhe. Andrée et Suzanne HERBEAUX les guident alors dans la région.

Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la famille HERBEAUX aura ainsi poursuivi son engagement commencé dans la Résistance. Elles se réinstallent, lors de leur retour, à Roubaix.

Hommage :

Louis HERBEAUX est déclaré “Mort pour la France” et reçoit le titre de chevalier de la Légion d’Honneur. Il est aussi nommé Capitaine à titre posthume.

Suzanne et Andrée HERBEAUX reçoivent la Médaille de la Résistance, la Médaille Militaire et la Croix de Guerre 39-45.

Andrée HERBEAUX est nommée Chevalier de la Légion d’Honneur. Elle est devenue entre-temps conseillère municipale et a épousé un adjoint au maire, ancien de la France Libre, Edouard PICK. Ils se sont installés au 66 boulevard de Lyon à Roubaix.

Suzanne HERBEAUX est nommée Officier de la Légion d’Honneur en 1981. Elle est décédée en 1960, et sa fille en 1986.

Tous trois sont aujourd’hui inhumés à Roubaix. Il existe une avenue Louis HERBEAUX à Dunkerque, et un square portant leurs trois noms à Roubaix (à l’angle de la rue Montgolfier et du boulevard de Lyon).