30 juin 1943 : exécution de Jean Rousseau au Fort de Bondues

#80ANSFUSILLES #FORTLOBAU

Jean ROUSSEAU

Réseau de renseignement Alliance

Né le 15 juin 1908 à Orléans et fusillé le 30 juin 1943 au Fort de Bondues (Piquet n° 5).

Directeur régional de la Société des Consommateurs de Pétrole

Domicilié au 40 avenue de Soubise à Lambersart. Époux d’Aline Henriette Mathilde WINHLER. 1 fils.

Parle l’allemand et l’anglais.

Entrée en Résistance :

Dès avril 1941, Jean ROUSSEAU participe au mouvement Voix du Nord pour lequel il constitue un groupe à Lille-Fives. Ses actions sont diverses : il distribue le journal clandestin ; participe à des réunions gaullistes avec le groupe Armée Secrète à Tournai ; participe à l’évasion de soldats anglais qu’il conduit en camionnette sur la côte pour un embarquement ou sur un lieu convenu pour un vol; ou encore réceptionne des armes et munitions parachutées dans le Nord, les Ardennes et la Belgique.

Action au sein du réseau Alliance :

En mai 1942, Jean ROUSSEAU est recruté à Paris par Lucien FOUCHÉ. Il débute ses activités dans le Nord dès le mois de juin. Il communique les plans des ouvrages de défense côtière allemande dans le secteur de Dunkerque, Calais, Boulogne et des environs. Il fournit aussi les plans du quartier Fives-Lille ainsi que des renseignements sur l’usine. Il reçoit ses instructions de Lucien FOUCHÉ et surtout du Colonel ALAMICHEL. Lors de leurs rencontres à Paris, ce dernier lui procure les fonds nécessaires pour aider ses agents en mission et le tient au courant des liaisons déjà assurées.

Lucien FOUCHÉ témoigne : « vers le milieu de juillet 1942, je lui adressai une lettre chiffrée et codée […] demandant des renseignements concernant les déplacements d’une division allemande de la région de Doullens devant être envoyée en Afrique du Nord. […] Le soir du 27 juillet il m’envoyait sa réponse chiffrée et codée qui contenait de précieux renseignements ». Jean ROUSSEAU avait obtenu ces renseignements grâce notamment à la complicité de M. LEGRAND, garagiste à Doullens.

Arrestation :

Jean ROUSSEAU est dénoncé par un membre du réseau Henoch. Il est arrêté par la GFP (Abwehr III F de Lille) dans la nuit du 27 au 28 juillet 1942 à Lambersart. La GFP saisit des documents compromettants, notamment le brouillon qui a servi à la rédaction du document sur la division de Doullens d’après le chiffre convenu.

Jean ROUSSEAU est incarcéré à Loos et est interrogé pendant 3 à 4 semaines sans résultat. Il est alors transféré à la caserne Vandamme de Lille où il est à nouveau interrogé durant trois mois pendant lesquels il nie son implication avec le réseau Henoch et le mouvement Voix du Nord.

Un nouveau prisonnier, Jacques CLOESEN, est installé dans sa cellule. Il se présente comme étant résistant et ayant des connaissances communes. Mis en confiance, Jean ROUSSEAU se confie à Jacques CLOESEN (dit aussi « Vidal » ou « Brentin »), qui est en fait à la solde des Allemands. Il donne ainsi à son insu des informations (par exemple le mot codé « champagne ») au sujet d’Alliance. Il est alors à nouveau interrogé pendant un mois, 11h par jour, à la caserne Vandamme de Lille afin de lui faire confirmer les informations données à CLOESEN. Cela permet à la GFP d’arrêter en novembre d’autres membres du réseau, dont le Colonel ALAMICHEL (le 10) et Lucien FOUCHÉ (le 11) à Paris. Après s’être rendu compte de son erreur, Jean ROUSSEAU tente de disculper le garagiste de Doullens et Lucien FOUCHÉ. Survient alors le démantèlement du groupe de Dunkerque. Vient-il du retournement d’ALAMICHEL ou a-t-il au contraire tenté de les aider ? Les témoignages divergent sur ce point.

Condamnation :

Jean ROUSSEAU est jugé le 19 mars 1943 avec BONPAIN, HERBEAUX, LANERY, BRYCKAERT, HUS, VERRONS et BRIOIS.

Malgré les demandes de grâce formulées par sa mère et son avocat Maître Philippe KAH, il est condamné à mort et exécuté le 30 juin 1943 à 18h au Fort de Bondues en raison de ses activités « d’espionnage, de livraison de documents aux Anglais, et d’appartenance à une organisation ».

La particularité pour Jean ROUSSEAU réside dans l’avis d’exécution rédigé par l’OFK 678. En effet, il est mentionné clairement que son exécution s’est déroulée au Fort de Bondues. Or, il est rare que les autorités d’occupation mentionnent spécifiquement le lieu d’exécution des condamnés. Pour tous les autres résistants, aucune note ne fait mention du Fort de Bondues. C’est donc un rare cas où la famille sera directement informée du lieu d’exécution de son proche.

Il est aujourd’hui inhumé au cimetière de Canteleu-Lambersart.