16 janvier 1944 : exécution de Georges Charles au Fort de Bondues

#80ANSFUSILLES #FORTLOBAU

Georges CHARLES

Réseau de renseignement Alliance

Né le 3 septembre 1902 à Lille et fusillé le 16 janvier 1944 au Fort de Bondues (Piquet n° 26).

Électricien et propriétaire d’un magasin de vente et d’entretien de radios TSF à Boulogne-sur-Mer.

Domicilié au 40 rue des Allées à Neufchâtel, époux de Fernande GASTON. 2 enfants

Son pseudonyme était Marsouin.

Action : Après les combats, Georges CHARLES est dirigé vers Dunkerque mais ne peut embarquer. Il part alors pour Bordeaux d’où il embarque pour le Maroc (son bateau est d’ailleurs pris en chasse pendant la traversée).

Après l’armistice, il est démobilisé, et rentre en Zone interdite avec beaucoup de difficultés.                                             

Entrée en Résistance : D’après Jean-Marie FOSSIER, les services de renseignement britanniques auraient été en contact avec lui bien avant le début de la guerre. Il aurait déjà été formé au travail d’opérateur radio par Monsieur PERROT, officier de renseignement ayant travaillé pour les britanniques. Il ferait partie du réseau F2. Une lettre reçue après-guerre de dédommagement du BRAAE (Bureau de recherche sur l’aide apportée aux évadés alliés) semble confirmer le fait.

Alliance : En 1941, Georges CHARLES retrouve un ami de longue date, Norbert FILLERIN de Pat O’Leary. Celui-ci le présente à un membre d’Alliance. Il entre en novembre 1941 dans ce réseau comme agent P2, sous le pseudonyme de « Marsouin ».

Georges CHARLES devient agent de liaison Nord-Sud. Envoyé à Nice, il doit donc traverser la Saône de nuit avec sa famille, sans rien emporter avec eux. Il prend contact avec Robert PHILIPPE dit « Perroquet », chef du service Radio du réseau. La famille loue une villa baptisée Santa Fe où se déroulent les réunions du groupe. À Marseille, il rencontre un dénommé AUDOLI, dit « Renard ».

Pendant plusieurs mois, Georges CHARLES fait des allers-retours entre les deux zones afin de passer des postes radio-émetteurs et des courriers militaires.

 Photo d’identité avec lunettes pour faux papiers. Coll. Famille Charles

Il a également, avec l’aide de sa femme, hébergé des aviateurs britanniques à Carly et à Neufchâtel en attendant de les convoyer lui-même jusqu’à la ligne de démarcation et de les confier au Dr CLIQUET de Vierzon, membre de Pat O’Leary.

Puis par la suite, Georges CHARLES est chargé de retourner en Zone interdite, où il doit se faire embaucher pour l’électrification des forts du mur de l’Atlantique. Il peut ainsi, grâce à son emploi, photographier les installations et l’équipement militaire allemands. Son statut d’artiste peintre lui donne une couverture originale. Il peut justifier les fonds qu’il reçoit pour son activité d’agent de renseignement P22 et peut prendre des photos avec un appareil dissimulé dans un pot de peinture à double fond lorsqu’il travaille sur les peintures commandées par les officiers allemands pour le mess, les chambres mais également les salles de repos et les infirmeries dans d’importants blockhaus de la côte (particulièrement dans celui de Wimereux qui servait de poste de commandement).

Arrestation : Suite à la dénonciation d’un agent double, Georges CHARLES est arrêté le 4 décembre 1943 lors d’une réunion à Lille. Il porte sur lui des photos de rampes de V1 et V2, des plans d’ouvrages militaires et une arme dont il fera usage.

Il est envoyé immédiatement à Loos. Selon certains, il aurait en fait été victime de Fortitude, l’opération de diversion des alliés afin de cacher le lieu exact du débarquement. Son arrestation avec ces documents compromettants permettait de confirmer aux Allemands l’hypothèse d’un débarquement dans le Nord de la France.

Son frère Jacques, dit « Lézard », responsable des opérations rail au BCRA et à Alliance, échappe lui-même de justesse à une arrestation. Il passe alors en zone libre tout en guidant des aviateurs pour Pat O’Leary. Il rejoint l’Angleterre et devient l’officier liquidateur du réseau Alliance.

Condamnation : Condamné par le Tribunal militaire de Lille pour « intelligence avec forces ennemies, espionnage aggravé et rébellion armée », Georges CHARLES est fusillé secrètement sans annonce préalable le 16 janvier 1944.

Son corps exhumé le 5 octobre de la même année est inhumé à Neufchâtel. Lors de l’exhumation, un carnet contenant des notes personnelles a été retrouvé et restitué à sa famille. Mot manuscrit dans ce carnet : « Si je ne devais pas rentrer, cela est écrit dans notre destinée, il n’y a rien à faire pour la changer. J’aurais fait mon devoir de Français sans hésiter. Je prierais donc la personne qui trouvera le présent carnet de le faire parvenir à ma famille. Ma femme chérie et mes deux enfants adorés sauront, en tout cas, que mes dernières pensées ont été pour eux. Georges. »

 Coll. Famille Charles

Hommage : Il est titulaire de la Médaille Militaire, de la Croix de Guerre avec palme et de la Médaille de la Résistance.

Sa famille reçoit en son nom un certificat de reconnaissance des forces britanniques, un certificat de service signé du Maréchal Montgomery et un certificat de remerciement du Président des USA signé par Eisenhower, à titre posthume.

   Coll. Famille Charles