15 mars 1944 : exécution de Marcel Douphy au Fort de Bondues
Friday 15 March 2024
#80ANSFUSILLES #FORTLOBAU
Marcel DOUPHY
Mouvement OCM (Mouvement Organisation Civile & Militaire)
Né le 25 décembre 1890 à Paris et fusillé le 15 mars 1944 au Fort de Bondues (Piquet n° 57).
Architecte.
Domicilié au 487 Route Nationale à Nœux-les-Mines.
Époux de Paule PRIN. 3 enfants.
Son pseudonyme est Chaumette.
Parle anglais et allemand.
Engagé volontaire en 1912, Marcel DOUPHY devient sous-lieutenant dans l’artillerie et reçoit la Croix de Guerre. Il combat dans le Nord pendant la Première Guerre et rencontre sa femme, Paule PRIN, qu’il épouse en 1919. Il recevra en 1920 la Légion d’Honneur au titre de chevalier.
Très vite, il installe son cabinet d’architecte à Nœux-les-Mines. Parmi ses différents projets, il aura par exemple établi les plans de la rue qui portera son nom après la Libération.
Lorsque la mobilisation générale est annoncée en septembre 1939, Marcel DOUPHY est appelé. Il participe aux combats de mai-juin 1940 et fait preuve d’une grande lucidité sur les causes de la débâcle (manque de matériel, commandement qui ne s’est pas adapté à cette nouvelle guerre). Sa désillusion est grande.
Entrée en Résistance : Marcel DOUHPY reste mobilisé après l’Armistice car il est en zone sud. Cela lui permet de prendre contact avec les premiers noyaux de résistance dans l’armée. Á la fin de l’année 1940, il revient à Nœux-les-Mines et est fait officier de la Légion d’Honneur en décembre. Il multiplie les contacts avec ses camarades officiers de réserve, éparpillés dans toute la France, comme l'atteste sa correspondance.
Figure même du "Père tranquille", il va jusqu'à installer un portrait de Pétain dans son bureau, comme "couverture". Dès 1941, Marcel DOUPHY fait partie du réseau Kléber-Saturne, qui est du ressort du 2ème Bureau de l’armée française (2000 agents homologués dont 130 relevant du réseau Saturne). Il est nommé agent P2 au titre de Lieutenant-colonel. Les membres du 2ème Bureau lui rendent visite fréquemment sous la couverture de représentants en pharmacie. Le travail de son secteur est jugé si efficace que le BOA lui parachute des armes, qu’il cache dans une ferme et dont il garde une partie chez lui pour en enseigner le maniement.
OCM : normalement, le 2ème Bureau interdit à ses membres d’entrer dans des mouvements et dans des filières d’évasion, mais Marcel DOUPHY entre dans le mouvement OCM dès juillet 1942.
Nommé responsable dans le secteur lensois, il organise de multiples actions : évasion et hébergement d’aviateurs, renseignements, confection de faux-papiers, etc. Le réseau Centurie lui doit les relevés qu'il effectue avec le chef de gare M. DEVOS à l'aérodrome de Brias (Pas-de- Calais) qui sera détruit par la RAF. Le colonel DASSONVILLE (dit Timéon de Voix du Nord) a rédigé une attestation confirmant son rôle dans cette opération. Une attestation du BCRA lui sera transmise en remerciement. Celle-ci sera détruite par son épouse suite à l’arrestation de son mari.
Marcel DOUPHY a en parallèle, grâce aux liens de l’OCM, des contacts avec le groupe Voix du Nord et le BOA. Son groupe a une place assignée dans le plan Tortue en vue de la Libération (afin de ralentir les déplacements des Allemands) avec pour but premier la récupération d’armes.
Arrestation et Condamnation : en mars 1944, la "Gestapo" apprend par des traîtres l’existence des principales caches d’armes du BOA, ce qui a sans doute provoqué la chute de Marcel DOUPHY.
Arrêté le 2 mars 1944, il est interné à Béthune puis à Arras, pour rejoindre la prison de Loos le 14 mars.
Il est jugé en même temps que Louis DHENIN et Emile BEAUCOURT par le Tribunal de la Luftwaffe le 15 mars 1944.
Ils sont exécutés le même jour.
Avec les arrestations des principaux chefs départementaux, la fin de l’OCM dans le bassin minier est enclenchée. Les survivants vont rejoindre la Voix du Nord, le Front National, Libération-Nord ou le WO.
Hommage : Marcel DOUPHY a reçu à titre posthume diverses décorations dont la Médaille de la Résistance (Février 1945), la Croix de Guerre avec palme (1958), la Légion d’Honneur et un certificat de gratitude du Président des États-Unis signé par Eisenhower.